La notion d’exercice reste marquée par l’enseignement dispensé à l’école. Elle doit être repensée dans le cadre d’un apprentissage. Pour la pédagogie qui a prévalu pendant plus d’un siècle, l’exercice est donné (!) puis corrigé par l’enseignant qui décide ou non d’un suivant. Dans l’apprentissage, on est devant quelque chose qu’on décide soi-même et qu’on reprend jusqu’à sentir qu’on le fait bien et qu’on en a tiré pour le moment ce qu’on peut en attendre. Ainsi en est-il déjà du babil chez l’enfant de quelques mois ou de sa manipulation d’objets, plus âgé de sa fréquentation d’une équipe sportive, d’une école de danse ou de musique, d’une troupe de théâtre ou d’un club d’échecs…Cette prise de conscience par l’apprenant de la nécessité de s’exercer, de s’entraîner de manière méthodique est déterminante. Encore lui faut-il accéder à de « bons » exercices et être accompagné dans leur rencontre. Il en va ainsi pour progresser en lecture de la combinaison stagiaire/tuteur qui entreprennent avec elsa une démarche partagée d’une quarantaine d’heures réparties sur plusieurs mois.
elsa enchaîne donc 10 plans organisés chacun autour d’un exercice dans 6 séries techniques différentes. En supposant qu’on consacre 4 heures à chaque plan pour le mener à son terme, celles-ci peuvent, par exemple, être approximativement réparties en 3 moments :
Ces 3 moments forment un tout. C’est assurément ce qui distingue l’exercice comme complément de la leçon dans une démarche traditionnelle d’enseignement et le fait de s’exercer, de s’entraîner, dans une démarche d’apprentissage. Dans le premier cas, il s’agit plutôt de faire maîtriser une nouvelle information ; dans le second, de faire évoluer un comportement déjà existant. Dans un premier cas, la vérification d’une transmission ; dans l’autre, l’évolution d’un savoir-faire.
C’est pourquoi, avec elsa, la complémentarité des 3 moments jouant chacun un rôle différent est déterminante.
On comprend bien que ce qui compte, ce n’est pas le niveau du résultat[1] mais l’évolution sur le même objet du processus qui y conduit, y compris en recourant à la mémoire de ce qui a été à l’œuvre la première fois. C’est seulement lors du plan suivant que l’effet de ces 3 composantes sera fonctionnellement réinvesti dans la même série de l’entraînement mais sur un nouveau matériau. Ce qui importe alors d’un plan à l’autre, c’est davantage la diversité des matériaux utilisés qu’une progression (assez illusoire) de leur complexité objective pour des individus différents. C’est aussi pourquoi, une fois achevé l’enchaînement des 10 plans auquel donne accès une licence d’une année, le stagiaire dispose des mois restants pour continuer à s’exercer en retravaillant à sa guise sur les matériaux utilisés.